Kora’h, un être exceptionnel à bien des égards puisqu’il n’a pas peur de se mesurer à Moshé rabénou. Il l’a vu agir dans l’épisode des dix plaies d’Egypte, Il l’a vu à la l’ouverture de la mer et il l’a vu descendre du mont Sinaï avec les tables de la loi.
Et pourtant il ne craint pas de s’opposer à lui. S’il accepte le défi que lui lance Moshé, en sachant qu’il risque sa vie, c’est parce qu’il est sûr et certain d’avoir raison.
Revenons à l’histoire : Kora’h se sent lésé de ne pas se voir attribué de hautes fonctions par Moshé. Familialement parlant c’est son tour de recevoir un poste mais il ne sera qu’un lévi parmi tant d’autres. Comme nous l’avons dit il est exceptionnel, exceptionnellement riche et exceptionnellement intelligent. Il voit prophétiquement que sa descendance est promise à la grandeur et il ne comprend pas pourquoi il est mis à l’écart.
On pourrait parler du gros défaut que représente la poursuite de la gloire et des honneurs mais il y a un autre point à coté duquel il ne faut pas passer et qui nous concerne peut-être plus que le précédent : c’est la capacité de l’être humain d’être sûr qu’il a raison, même lorsqu’il est opposé à plus sage que lui.
Comparons le comportement de Kora’h au notre lorsque nous sommes en conflit avec quelqu’un. Kora’h réagit à la nomination « injuste » des proches de Moshé, c’est Moshé qui a commencé. Kora’h ne désire que ce qui lui revient de droit, pas plus. Enfin Kora’h dispose de faits qui prouvent qu’il a raison, il s’engage jusqu’au bout.
C’est ce que chacun de nous ressent lorsqu’il se dispute : c’est l’autre qui a commencé, moi je ne cherche pas la guerre mais ce qu’il fait est injuste, je ne veux que ce qui me revient et j’ai les preuves que j’ai raison. Bien sûr je suis de bonne foi et j’irai jusqu’au bout car je ne me trompe pas.
Et pourtant on se trompe…
Le fait même d’être en guerre avec quelqu’un ou de lui en vouloir est le signe que l’on s’éloigne de la vérité car lorsqu’on introduit la volonté de D-ieu dans notre analyse de la situation, on arrive invariablement à la paix, même si les opinions divergent. Au lieu de voir l’autre comme le grand méchant loup on essaye de comprendre ce qu’il ressent et comment il en est arrivé à penser ou à se comporter comme il l’a fait. On communique.
Rabbi Na’hman enseigne dans le Séfer Hamidot : quand il n’y a pas de vérité, il n’y a pas de paix. Celui qui aime se disputer traduit généralement cette phrase par : on ne fait pas la paix avec un menteur, bien sûr il est capable de dire qui est menteur et qui ne l’est pas…Il contredit le sens même de cet enseignement qui veut dire que lorsqu’on recherche vraiment la vérité, on arrive à la paix.
La recherche de la vérité commence par l’acceptation de son ignorance.
Rabbi Na’hman enseigne que l’une des principales épreuves de l’homme est d’accepter de mettre sa logique personnelle de côté lorsqu’il s’agit de la Torah et des sages d’Israël. La foi est un choix intellectuel qui consiste à avoir l’humilité d’accepter que nos raisonnements personnels sont très limités, une fois ce choix fait on peut commencer à utiliser son intelligence et à poser des questions, si on le fait avant ce n’est plus une question mais une remise en question, c’est l’erreur assurée. Une erreur qui nous entraîne à nous disputer sans arrêt parce que nous avons raison.
Kora’h a payé le prix fort pour nous l’apprendre. |