Dédiée à l’élévation des âmes d’Esther Ruth ‘Haya bat Sarah, Yves Eliahou ben Danielle, Gérard ‘Haï ben Emma et à la réfoua chéléma de Shmouel Moshé ben Esther Yaffa ‘Haya.
Rabbi Nathan enseigne: « La paracha Matot parle des vœux et des serments, à travers eux il est possible de voir et comprendre la grandeur et la force de la parole. En effet, dès qu’on a prononcé un vœu ou un serment on devient obligé de faire exactement ce que l’on a dit. Telle est la grandeur de l’être humain, possesseur du libre-arbitre, qui peut par sa bouche fabriquer de nouvelles lois de la Torah. Par exemple s’il s’interdit par un vœu ou un serment une action permise, dès qu’il a parlé cette action est devenue pour lui une réelle interdiction de la Torah. Cette chose qui dépasse l’entendement est là pour nous montrer la force de l’être humain qui se trouve essentiellement dans la bouche et le cœur. Car lorsque le cœur éprouve un ardent désir de sanctification et qu’il l’extériorise par des paroles (en s’engageant à un acte de sainteté qui n’était pas obligatoire) alors son désir est transformé en Torah, cet engagement est devenu pour lui un commandement de la Torah » ( Likoutey halakhot birkot hasha’har 5/90 ).
Plus que toute autre chose, la parole est le propre de l’homme. Elle est une sorte de pont indispensable entre le ciel et la terre. En d’autres termes elle matérialise le spirituel. C’est ainsi qu’on doit comprendre que D-ieu créa le monde par la parole. La parole possède les deux aspects, elle est spirituelle car intangible, on ne touche pas une parole, mais elle est matérielle dans la mesure où grâce à elle on peut arriver au pouvoir, apprendre et enseigner, encourager ou humilier, comme l’ont dit nos sages : la vie et la mort sont dans les mains du langage. La parole est par nature créatrice.
A notre tour nous créons D-ieu, si l’on peut dire, par nos paroles.
Avant de protester devant une telle affirmation demandons à une femme délaissée, avec qui le mari ne prend pas le temps de parler, si elle a l’impression d’exister. La réponse est non, elle se sent comme si elle ne valait pas la peine d’être créée : elle n’existe pas. Par contre lorsqu’il répare son erreur et prend le temps de communiquer, elle est la plus heureuse : elle existe.
Il en est de même dans notre relation avec D-ieu, si on Lui parle (prière) et qu’on parle de Lui (étude) alors on Le fait exister dans notre quotidien. Cela dépend de nous, c’est la grandeur et la noblesse de l’être humain. Cette grandeur qui fait de l’homme l’associé du créateur dans la création nous permet de créer par nous-mêmes des lois de la Torah comme nous le voyons avec les vœux et les serments. (NB: on s’adressera à son rav avant de prendre un engagement de ce type car il y a dans le néder/voeu une responsabilité à la hauteur de son importance).
Bien sûr D-ieu est omniprésent mais il n’aura de place dans notre vie que celle que nous lui donnerons avec nos paroles. A tel point que Rabbi Na’hman affirme que le plus grand moyen qui soit pour s’approcher de Lui consiste à prendre un temps chaque jour pour épancher son cœur devant Lui, dans notre langue maternelle. Car lorsqu’on fait « exister » D-ieu en s’exprimant on lui permet en retour d’exprimer Sa bonté, de nous la prodiguer. De la même manière, lorsqu’on parle sincèrement avec sa femme on lui permet de nous donner tout le bien et l’amour qu’il y a en elle. Et bien évidemment ces deux aspects sont liés. Une femme heureuse est la preuve la plus flagrante que D-ieu est heureux de nous. |